Le salarié licencié dénonce le harcèlement du pharmacien

 

Un ancien préparateur en pharmacie conteste son licenciement d’une officine de Moselle Nord. Il accuse son patron de harcèlement moral. Ce dernier, condamné aux prud’hommes, fait appel et attaque tous ceux qui témoignent contre lui.

 

Ils sont plusieurs employés à décrire une « gestion tyrannique » du pharmacien.

Mais un seul est monté au créneau. Il a travaillé pendant vingt sept ans au sein d’une officine de Moselle Nord. Et ses dernières années ont été « un calvaire ».

Trois collègues, préparatrices et pharmacien assistant, soutiennent les accusations que le salarié porte à l’encontre de son ancien patron et dont le jugement des prud’hommes fait état. Tous dénoncent les caméras de surveillance pointées sur eux, l’utilisation d’une sonnette pour écourter le temps passé avec les patients, la pression, les bilans chiffrés individualisés.

« Huit employés ont démissionné en l’espace de quinze mois, cela pose le contexte… », relève l’avocate thionvilloise du préparateur, Maître Charou ANANDAPPANE. Les conditions de travail ont poussé son client à bout. L’homme éprouvé a fini par être arrêté avant d’être déclaré « inapte » par la médecine du travail fin 2015. Il est licencié dans la foulée, sans opportunité de reclassement.

« Le pharmacien s’est servi des problèmes cardiaques de mon client pour justifier son licenciement », déplore Maître Charou ANANDAPPANE. Or, le salarié estime que son mauvais état de santé et son inaptitude sont directement liés au contexte professionnel.

En mai 2017, le conseil de prud’hommes de Thionville a retenu des faits de harcèlement moral et prononcé la nullité de ce licenciement. Le patron a été condamné à 81 873 Euros, en cumulant les indemnités avec les dommages et intérêts. La décision n’est toutefois pas définitive car il a fait appel de ce jugement.

L’affaire a été renvoyée au mois de mars, devant la chambre sociale de la Cour, à Metz cette fois. Et le litige risque de durer.

Car le dossier prend des proportions insoupçonnées, bien au-delà du simple conflit « employeur-salarié ».

 

Conseils de l’ordre saisis 

Le pharmacien attaque désormais tous ceux qui ont soutenu les déclarations de son ancien employé. Les plaintes pénales déposées envers deux préparatrices pour « fausses attestations » ont été classées sans suite par le Procureur de la République de Thionville.

Celle à l’encontre d’un pharmacien assistant est en cours d’enquête.

Mais la cambre disciplinaire du Conseil National de l’ordre des pharmaciens, également saisie par le patron, a rejeté sa plainte fin septembre. Ce dernier a toutefois décidé de faire appel, là encore.

Pour finir, le gérant d’officine incrimine la déontologie du médecin psychiatre qui a évalué l’état de son ancien salarié.

Le certificat médical fait le lien entre la dépression de l’employé licencié et son environnement professionnel. L’ordre régional des médecins devra statuer.

Le pharmacien et son avocat refusent de s’exprimer. Contactés, ils n’ont pas souhaité répondre à nos questions.

 

Frédérique THISSE

Article en date du 30/12/2018.

 

Source : https://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-thionville-hayange/2018/12/29/le-salarie-licencie-denonce-le-harcelement-du-pharmacien